Désarmer l’industrie financière pour promouvoir la paix

, par Ekkehart Schmidt




etika se joint à la plateforme pour la paix et la solidarité (FriSol) et la Confédération Syndicale Indépendante du Luxembourg (OGBL) pour la marche pour la paix prévue le samedi, 6 avril 2019 14h30 au Glacis/ Luxembourg. En tant qu’association engagée pour la promotion d’un investissement responsable, etika rappelle que les sociétés financières constituent l’un des piliers fondamentaux de l’industrie militaire, les fabricants d’armes et d’autres encore dépendant des marchés boursiers, des marchés obligataires , du financement bancaire et d’autres instruments financiers.

Ces institutions fournissent des fonds d’investissement aux entreprises d’armement, elles garantissent l’émission d’obligations afin que l’industrie de l’armement puisse obtenir un financement, les prêts bancaires sont accordés directement aux entreprises militaires, les exportations d’armes sont financées et la participation dans les entreprises d’armement permet aux banques le contrôle de leurs activités.

Les organisations de la société civile ont inventé le terme "Banca Armada" - ou "banque armée" - pour désigner les institutions financières qui permettent à l’industrie de l’armement de fonctionner. Les "banques armées" permettent aux industries militaires de recevoir facilement des investissements et des prêts avec leurs fonds propres et l’argent de leurs clients.

Ces « banques armées » rendent impossible le ralentissement ou l’inversion de la prolifération des armes à laquelle nous assistons aujourd’hui, ainsi que de la violence et des violations des droits de l’homme qui les accompagnent : le marché de l’armement continue de progresser, selon une étude publiée par le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI). Sur la période 2014-2018, le volume des transferts d’armes est ainsi supérieur de 7,8 % par rapport à celle de 2009 à 2013.

etika rappelle à chacun qu’il est fort possible que votre banque investisse dans des armes et que vous n’en ayez même pas conscience. En passant à des fournisseurs financiers alternatifs, transparents et éthiques, nos décisions financières peuvent contribuer à mettre un terme au financement de cette montée en puissance militaire.

etika demande donc :

  • de la transparence  :

    les citoyens devraient avoir facilement accès aux informations et aux données sur le secteur financier et son évolution, y compris l’impact réel de la réglementation. Les entreprises financières devraient divulguer ce qu’elles financent et le montant qu’elles facturent.

  • des entreprises qui rendent des comptes : les entreprises financières doivent être responsables envers leurs parties prenantes, des clients et des employés aux citoyens locaux. Par exemple, les gestionnaires d’actifs dialogueraient avec les épargnants ; les banques incluraient davantage d’intervenants dans leurs conseils d’administration ; et le secteur bancaire comprendrait davantage de banques et d’institutions publiques et parties prenantes. Les activités militaires peuvent également êtres soutenues par des entreprises qui ne sont pas dans le secteur de l’armement : il n’est pas acceptable que les investisseurs de la Société européenne des satellites (SES) (dont l’Etat luxembourgeois) ne soient pas informés de son soutien technique dans les attaques de drones décidées par les administrations Obama et Trump.
  • un investissement qui sert l’intérêt général : pour des activités socialement et écologiquement durables ; moins de financement « casino » pour des activités à court terme, non productives et spéculatives. Plus de financements basés sur la transition énergétique écologique et créatrice d’emplois.

L’action des consommateurs ne peut à elle seule changer le monde. Nous devons également élire des responsables politiques désireux changer de financement et de s’éloigner de la guerre pour aller vers la paix, particulièrement ici au Luxembourg, que ce soit pour désinvestir dans l’armement (et pas seulement l’armement interdit comme les bombes à sous munition) aussi bien dans les fonds sous la responsabilité de l’Etat comme le Fonds de Compensation mais aussi sur tout les actifs sous gestion hébergés au Luxembourg.

Illustration : Manifestation contre l’investissement dans l’armement nucléaire au Royaume-Uni (Crédit Photo : www.dontbankonthebomb.com)

Article du 2 avril 2019