KIOWATT - Projet de cogénération à Roost

, par Ekkehart Schmidt

Deutsche Fassung

En octobre 2012, etika et la BCEE ont accordé deux crédits d’investissement à un projet vraiment innovant, vert et luxembourgeois. Il s’agit de produire via la combustion de bois de rebut (issu des filières de récupération, aussi bien des filières de recyclage des particuliers que des professionnels) récolté au Luxembourg :

  • de l’électricité et de la chaleur (cogénération traditionnelle)
  • et des pellets.

La production d’électricité et de chaleur se fera à Roost, sur le site de la commune de Bissen. La société KIOWATT S.A. souhaite produire de l’énergie à partir d’installations utilisant la biomasse afin que la société KIOWATT PELLETS S.A. puisse produire des pellets - d’où deux crédits d’investissement de 2 millions d’euros chacun (durée des prêts : 10 ans). La BCEE a accepté le prêt total (montant : 18 millions d’euros).

L’objectif de la société KIOWATT S.A. est le financement, la construction et l’exploitation de centrales d’énergie, ainsi que la production, la distribution et la fourniture d’énergie à partir d’installations utilisant la biomasse. On entend par biomasse la fraction biodégradable des produits, déchets et résidus provenant de l’agriculture (comprenant les substances végétales et animales), de la sylviculture et des industries connexes ; la fraction biodégradable des déchets industriels et municipaux ainsi que le bois de rebut, comprenant également les déchets de bois issus de l’industrie de transformation et de travail du bois et enfin le bois issu de la filière déchets.

La construction du projet a débuté en 2012 (voir les photos en bas) et la première production de chaleur devrait être fournie au plus tard pour la fin de l’année 2013. 30 millions d’euros seront investis dans le projet avec l’aide de l’Etat, comme le prévoit la loi sur l’aide aux entreprises qui protègent l’environnement et utilisent les ressources naturelles de manière rationnelle. Quinze nouveaux emplois devraient par ailleurs être créés grâce à ce projet.

La centrale de cogénération de Roost fonctionnera au bois de rebut et sera la première de la sorte sur le territoire luxembourgeois. Elle s’inscrit dans l’effort du gouvernement de parvenir à réduire les émissions de CO2 et à augmenter le taux d’énergie renouvelable dans la consommation totale, afin d’atteindre l’objectif (maigre, selon Votum Klima) de 11 % en 2020 qu’il s’est lui-même fixé.

En effet, pour 2020, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale d’énergie devra s’élever à 11% au Grand-Duché. Le défi, issu d’une directive européenne, n’est pas nouveau, mais le ministère de l’Économie, responsable des questions d’énergie, est conscient que ce changement de cap sous-entend que des efforts considérables soient réalisés au cours des prochaines années. Le projet contribue à la fois à atteindre les objectifs du gouvernement en matière de développement et de diversification économiques, en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre et en matière d’augmentation de la production d’énergies renouvelables sur le territoire national. Le projet Kiowatt à lui seul permettra de réaliser environ 5% du total envisagé sur le territoire national en matière de production d’électricité, de chaleur et de froid à partir d’énergies renouvelables à l’horizon 2020.

La société KIOWATT, née en 2008 de la volonté de LuxEnergie et de WoodEnergy (Groupe François) de renforcer leur activité dans le secteur de la biomasse, est spécialisée dans la réalisation d’unités de cogénération à biomasse solide de grande capacité avec en plus la production de pellets de bois. La centrale de cogénération à Roost est la première réalisation entamée par Kiowatt.

Il s’agit d’une unité de cogénération utilisant du bois de rebut d’une

thermique de 17 MW brut et d’une puissance électrique de 2,6 MW. À plein régime, la production annuelle d’électricité renouvelable est estimée à quelque 21 GWh et celle de la chaleur renouvelable à 93 GWh/a.

L’installation a une double valeur économique et écologique qui permet de valoriser annuellement quelque 32 000 tonnes de biomasse sous forme de bois de rebut d’origine luxembourgeoise. Cette matière première était jusqu’à présent exportée et ne bénéficait donc

au territoire sous forme d’énergie renouvelable, et une réduction des émissions de dioxyde de carbone (CO2) de 55 300 tonnes par an.

Une fois que la centrale tournera à plein régime, elle devrait permettre de réduire les émissions de CO2 de 331 800 tonnes entre 2015 et 2020, soit 14,2 % de la réduction totale attendue.

Le projet permet aussi de nourrir d’autres projets de diversification économique. La chaleur du processus de cogénération servira à trois utilisations :

  • Grace à des machines à absorption, une partie de la chaleur produite sera utilisée pour refroidir le nouveau centre de données de LuxConnect à Roost, faisant de lui le premier « green datacenter » du pays (voir photo en bas).
  • D’autre part, la centrale de cogénération permettra de sécher 63 000 tonnes de bois frais chaque année pour une production annuelle de 35000 tonnes de granulés de bois destinées au marché domestique, permettant de chauffer jusqu’à 17000 maisons à basse consommation, et aux fournisseurs de chaleur.
  • Une autre possibilité d’utilisation de la chaleur est actuellement à l’étude avec

    l’option que l’usine alimente en chaleur à terme la zone d’activités de Klengbousbierg à Bissen. Quasiment 100% de la chaleur produite lors de la cogénération seront réutilisés.

Les pellets de bois proviennent de matières premières locales et sont issus d’une production locale elle-aussi. Ce régionalisme constitue une raison supplémentaire qui explique pourquoi les pellets de bois sont si respectueux de l’environnement. Même comparés aux poêles à bois traditionnels, les pellets de bois sont en tête, notamment en raison d’une valeur calorifique plus élevée ou d’une teneur en fine poussière plus faible dans les gaz de fumée.

Comme les pellets de bois sont des produits normalisés, ils sont soumis à des exigences strictes en matière d’humidité résiduelle, de déchets et de fractions fines. L’importante densité des pellets pressés garantit que la combustion s’effectue avec le plus haut rendement et que la quantité de déchets et de poussière fine dans les gaz de fumée soit minimisée. Les pellets de bois constituent la forme la plus moderne de source d’énergie à base de bois. Ils sont produits à 100% à base de bois de rebut.

La lignine du bois sert d’agglomérant naturel, aucun ajout chimique n’est nécessaire pour la production des pellets.

Le bois est une source d’énergie naturelle renouvelable qui transforme la puissance du soleil en chaleur pour le chauffage de façon écologique et neutre en carbone. Et ce qui est un autre atout, c’est que le bois est disponible de manière presque illimitée. Le Luxembourg et les pays voisins sont des pays très boisés. Chaque année, il repousse plus d’arbres qu’il n’en est prélevé dans la forêt. Un potentiel suffisant pour une production régionale des pellets.

La centrale remplit a plusieurs objectifs. Le bois est déjà broyé lorsqu’il est acheminé vers la centrale, ce qui évite de générer de la poussière et d’occasionner du bruit. La combustion du bois dans une chaudière à vapeur fabrique de l’électricité, qui est injectée dans le réseau électrique et correspond à la consommation annuelle de 3500 ménages.

Après deux ans de bon fonctionnement, la société KIOWATT PELLETS S.A. doit déjà investir pour s’agrandir, afin d’augmenter la capacité pour être en mesure de répondre à la demande nationale en pellets. Pour l’achat de presses à pellets, KIOWATT a obtenu en 2016 un autre crédit d’investissement d’une hauteur de 707 028 euros sur une durée de dix ans.

Voir ici un film sur le projet.

Contacts :

Boris Zikes, KIOWATT S.A., 6 op de Poukewiss, L-7795 Bissen, tel./fax : 22 54 74 - 1

KIOWATT PELLETS S.A., 8 op de Poukewiss, L-7795 Bissen, tel./fax : 22 54 77

Photo des pellets : DEPI, Deutsches Pellets-Institut

Article du 6 novembre 2012, dernière actualisation le 14 février 2018.