Une solidarité accrue
pour le mécanisme Epargne Alternative

, par Ekkehart Schmidt

Etika et la BCEE réforment le mécanisme Epargne Alternative pour privilégier les épargnants comme les preneurs de crédits

Le système financier traditionnel n’est pas réputé pour proposer beaucoup de transparence dans son fonctionnement habituel. Les épargnants et les propriétaires de part de fonds ne savent généralement pas si leur investissement va financer des activités qui seront compatibles avec leurs convictions morales, éthiques ou sociales. "Des activités qui seraient normalement rejetées par nombre de personnes, comme la production d’armements ou l’industrie nucléaire soit ainsi financées en toute opacité" déclare Magali Paulus, la présidente de etika.

L’éruption de la crise financière a été l’occasion pour beaucoup de réviser leurs priorités dans l’investissement. Etika a pu le constater tout récemment au Luxembourg :"De plus en plus de personnes veulent savoir ce qui est fait avec leur argent. Une partie d’entres elles a franchi le pas en ouvrant un compte d’Epargne Alternative" souligne-t-elle. C’est ainsi que etika et la BCEE ont dénombré plus d’ouvertures de comptes Epargne Alternative sur le seul mois d’octobre que pendant toute l’année dernière. Le même phénomène a été constaté chez les autres banques sociales en Europe comme la banque Triodos en Belgique ou la Gemeinschaftsbank en Allemagne.

Le compte Epargne Alternative est le fruit d’une collaboration entre etika et la Banque et Caisse d’Epargne de l’Etat, Luxembourg (BCEE). Il permet à des épargnants d’investir sans risque financier et en transparence absolue dans des projets à dominante sociale et/ou environnementale, au Luxembourg comme dans des pays en voie de développement. "La crise financière a révélé une exigence croissante des investisseurs sur la transparence et la respon- sabilité des placements. Des impératifs que nous nous sommes imposés depuis 14 ans, grâce au concours de la solidarité de nos épargnants" ajoute Magali Paulus.

L’investisseur qui opte pour un compte d’Epargne Alternative a la garantie que son argent respectera les critères de responsabilité, de transparence et de solidarité. "Il est assuré que son argent va soutenir des projets innovants dans le domaine de l’écologie du social et l’aide au développement durable." précise Magali Paulus. Le comité de crédit de etika évalue des demandes de financement en fonction de leur capacité à générer une plus-value sociale ou environnementale. En parallèle, la BCEE analyse le dossier sur des critères économiques. Les deux évaluations sont indépendantes et le crédit est accordé lorsque les deux parties approuvent la demande. "La responsabilité et le rendement font bon ménage" déclare Jean-Claude Finck, directeur général de la BCEE. Les derniers projets soutenus par ce mécanisme étaient par exemple un projet de thérapie équestre pour enfants handicapés, un producteur de vins biologiques ou la construction d’une centrale de production d’énergie éolienne.

Le mécanisme Epargne Alternative a été révisé pour le rendre plus attractif : dès le 1er décembre 2008, le compte Epargne Alternative sera rémunéré presque autant qu’un compte traditionnel : le différentiel de taux entre les deux rémunérations ne sera en effet plus que de 0,20 %. Jusqu’à présent ce différentiel de taux était de 0,60 %. Ce différentiel permet à la BCEE de proposer une bonification de taux de la même hauteur aux crédits acceptés conjointement par etika et la BCEE. La solidarité qui était jusqu’à la exclusivement assumée par l’épargnant sera dorénavant complétée par la BCEE et etika, de telle sorte que la bonification de taux pour le porteur de projet soit portée à 0,70 %. C’est donc un système "win-win" qui s’appliquera désormais pour les épargnants comme les preneurs de crédit.

Autre changement : l’épargnant n’aura plus besoin de déposer un montant minimum pour ouvrir et conserver son compte d’Epargne Alternative comme c’était le cas dans le passé.