Ce n’est pas par hasard que Thierry Li appelait son entreprise de biscuits artisanale d’après un cheval, qui dans la fin des années 1930 devenait un symbole de l’espoir : Seabiscuit. Ce cheval de course américain défrayait la chronique pendant une décennie, et son parcours hors du commun fit de lui une figure populaire auprès du public américain alors frappé par la Grande Dépression. Au début son modèle et son attitude ne laissaient présager en rien de son avenir : petit, avec de mauvais aplombs, il se signale surtout par son apathie. Il fut pourtant un des chevaux de courses les plus célèbres de l’histoire.
L’objectif de Thierry Li : Essayer de réussir sur un marché concurrentiel avec un personnel de handicapés produisant des biscuits de qualité avec des ingrédients d’origine naturelle et régionale. Ça semble d’être presque aussi osé que de gagner des courses avec un cheval plutôt apathique.
Comme une biscuiterie artisanale et sociale, l’objectif est de défendre trois principes majeurs explique Thierry Li : « Intégrer les personnes handicapées dans le circuit économique traditionnel, défendre l’économie locale en privilégiant les fournisseurs locaux et viser le marché local pour nos produits et défendre le naturel en s’interdisant tout ajout de conservateurs, matière grasse, hydrogénée ou huile de palme. »
Thierry Li a développé des partenariats avec des ateliers protégés comme celui de COOPERATIONS à Wiltz depuis 2012 et avec Yolande Coop (Fondation Elisabeth) depuis janvier 2013. C’est d’abord par une relation de sous-traitance dans le but de créer une structure privée commune ultérieurement afin d’intégrer les travailleurs handicapés et de compléter le rôle des ateliers. Jusqu’à présent ils travaillent dans un cadre soutenu par les fonds publics. Dans la société privée leur salaire sera couvert par l’activité économique.
Le rôle de ces ateliers est de servir de plate-forme de formation pour des personnes handicapées afin qu’elles puissent intégrer plus facilement la vie active. « Malheureusement, c’est plus difficile qu’on ne le croit car les employeurs sont souvent frileux dans l’embauche de personnes handicapées », reconnait Thierry Li. On prend ce « problème » à l’envers en commençant une collaboration sur la base de cette sous-traitance qui, non seulement fournit un nouveau débouché à l’atelier mais bien sûr apporte aussi des ressources financières supplémentaires.
« Lorsque l’activité le permettra, nous lancerons une nouvelle structure privée dans laquelle, l’atelier recevra des parts sociales afin que les valeurs sociales et solidaires soient toujours préservées et traduites dans la vie quotidienne de l’entreprise », explique Thierry Li. « Mais le plus important est que ces valeurs sociales soient soutenues à terme seulement par l’activité économique qui doit être viable, ce que nous nous efforçons de faire grâce à l’expertise multisectorielle du porteur de projet apportée aux ateliers dans le cadre de ce partenariat puis de la structure commune. » La volonté de Thierry Li est d’intégrer les handicapés dans une société privée où leur salaire sera couvert par l’activité économique. Ce n’est pas très simple de le faire de façon prudente pour que cela soit durable : « Les personnes handicapées sont sujettes et considérablement plus sensibles au stress. C’est pourquoi, dans notre volonté de les intégrer, nous devons mettre tous les garde-fous afin que cette démarche soit durable », ajoute-t-il.
L’entreprise est active aussi dans la la production que dans la vente : Aujourd’hui, on est présent aux supermarchés Match (sur 8 sites), chez le Pall center (sur 5 sites), Auchan, Alima Bourse, Cora Concorde et la boutique 100% Luxembourg (liste des points de ventes). Pour la production, il y a au total (en comptant les deux ateliers) 22 personnes dont 4 encadrants de formation cuisine et/ou boulangerie.
Mais il fallait investir pour élargir la production : « Notre capacité de production était de l’ordre de 500 sachets par semaine en moyenne avec la possibilité d’aller jusqu’à 700 sachets. Avec une machine qui a une capacité de 30 sachets à la minute environ nous estimons que la production pourra passer à 4.000 à 4.500 sachets en moyenne par semaine et ainsi répondre à la demande croissante de nos clients et futurs clients » expliquait Thierry Li. Pour l’achat d’une façonneuse qui à partir de la pâte formera les biscuits Seabiscuit a reçu en Mars 2014 un crédit d’investissement de la part de etika et la BCEE d’une hauteur de 25.000 euros (sur 5 ans).
« Cette accroissement de production va permettre de générer plus de travail (donc plus de postes) pour les personnes handicapées notamment pour les travaux d’ensachage et surtout d’étiquetage qu’elles réalisent parfaitement bien aujourd’hui, espérait Thierry Li avant l’investissement.
Son espoir est bien fondé. Si non il n’aurait pas appelé son entreprise « Seabiscuit ».
En 2012 Thierry Li a reçu le prix du concours 1,2,3 GO SOCIAL (voir plus ici) et en Mars 2013 Seabiscuit a été récompensé avec le prix etika dans la catégorie "projets indépendant" (voir plus ici).
Lire un interview avec Thierry, paru dans le Journal du 11.10.14 et un texte paru dans le quotidien le 16 septembre 2016 en cliquant sur les photos.
Contact : Seabiscuits Sarl, Thierry Li, 16 rue de Welscheid, L-9090 WARKEN, Tél. : 691114865, Site web
Article du 16 juin 2014, dernière actualisation le 12 février 2019